L’opération aurait dû être achevée en mars, mais a été entravée par des conditions météorologiques défavorables.
Par Vel Moonien à Maurice –
Des conditions météorologiques défavorables ont fortement perturbé le démantèlement de ce qui reste de la poupe du « MV Wakashio » sur les récifs de la Pointe-d’Esny, à Maurice. L’opération reprendra au plus tôt en septembre ou, au pire, en octobre, ont annoncé les autorités locales après avoir ordonné aux remorqueurs « Crest Mercury 3 » et « Independence » de quitter la baie de Tamarin – où ils s’abritaient à l’Ouest – pour Port-. Le port de Louis aux côtés des péniches « Hong Bang 6 » et « Olympic Kapuas ».
Après avoir quitté la Chine, le Wakashio était en route pour le Brésil lorsqu’il s’est retrouvé sur les récifs de Pointe-d’Esny dans la nuit du samedi 25 juillet 2020. L’accident s’est produit lors d’une tentative de capture du réseau de téléphonie mobile de l’île afin que le les membres d’équipage pouvaient utiliser WhatsApp pour entrer en contact avec leurs proches. Certains d’entre eux étaient en mer depuis des mois en raison de l’épidémie de Covid-19. L’accident a provoqué une marée noire quelques jours plus tard.
Les 225 mètres de la partie avant du bateau, coupés en deux par la houle, avaient été coulés le 24 août 2020 dans 3 180 mètres d’eau à quelque 20 milles nautiques du village du Vieux-Grand-Port. Ce n’est que six mois plus tard que le démantèlement des 75 mètres de la poupe avait commencé avec l’aide d’experts de la société chinoise Lianyungang Dali Underwater Engineering. L’opération devait s’achever en mars, mais a été retardée par la saison cyclonique puis par la saison hivernale.
L’apport du « Hong Bang 6 », une barge grue spécialisée dans ce type de travaux et qui est l’une des trois de ce type au monde, a été nécessaire pour cet exercice. Les pièces démontées ont été déposées sur la barge avant d’être transportées à Port-Louis pour être remises à la société Samlo, spécialiste locale du recyclage de ferraille. En attendant la fin du démantèlement, le tribunal spécial mis en place pour faire la lumière sur ce naufrage continue d’entendre des témoins.
Au cours de la semaine dernière, l’ancien commissaire de police Khemraj Servansing a été entendu en tant que chef du Centre de gestion des catastrophes et chef ultime de la Garde côtière nationale (NCG). Il a été confronté au fait que le NCG a induit en erreur le Premier ministre Pravind Jugnauth sur l’accident en lui faisant croire qu’il y avait une surveillance radar permanente du littoral. Il a admis qu’il y a eu un relâchement et que les agents en charge de cette mission ne peuvent pas effectuer des tâches administratives en même temps.
Interrogé sur l’indisponibilité des hélicoptères de la police le soir de l’accident, il a déclaré que les deux disponibles pour la patrouille de nuit avaient des problèmes. Les pièces de rechange de l’un de ces hélicoptères, le Fennec, n’avaient pas été livrées et le plus gros hélicoptère de police, le Dhruv de fabrication indienne, était en maintenance. Un deuxième Dhruv, a-t-il révélé, sera acquis pour la surveillance maritime et pour prévenir ce type d’accident.
De son côté, le chef de l’équipe commando du NCG, l’officier de la marine indienne Rajiv Lochan, dépêché des Marcos, les « Marine Commandos » de Bombay, a expliqué au tribunal qu’au moins dix minutes auraient suffi à ses hommes pour embarquer sur le « MV Wakashio » alors qu’il se dirigeait vers Pointe-d’Esny. Mais il n’y avait pas d’hélicoptère disponible à ce moment-là.
L’enquête policière sur l’accident est terminée. Le dossier a été envoyé au directeur des poursuites pénales pour avis concernant cinq accusations de « mise en danger de la navigation sûre » en vertu de la loi sur les zones maritimes et de la loi sur la marine marchande retenues contre le capitaine Sunil Kumar Nandeswar et le deuxième officier Subodha Janendra Tilakaratna. En vertu de la deuxième loi, ils peuvent être condamnés à 5 ans de prison et à payer une amende pouvant aller jusqu’à 30 millions de roupies.