La mer d'Azov, une mer symbolique cernée par la guerre ukraino-russe

La mer d’Azov, une mer symbolique cernée par la guerre ukraino-russe

Taganrog (Russie), taganrog (Russie) 1er 2022 (AFP), au milieu d’une pluie battante, le port de Taganrog, habituellement peu actif, dans le sud-ouest de la Russie, est dans l’impasse. La mer d’Azov, habituellement calme, est désormais un enjeu symbolique du conflit russe en Ukraine.

Une seule grue se déplace au ralenti sur un énorme tas de charbon provenant probablement du Donbass voisin. Le port est arrêté par les autorités, tout comme de nombreux aéroports situés dans le sud-ouest de la Russie, près de la frontière avec l’Ukraine.

Cependant, des hélicoptères et des avions militaires survolent la zone et planent à basse altitude au-dessus des villes et des routes qui mènent à la frontière.

Depuis la frontière infranchissable, on peut entendre des explosions lointaines dans la ville de Marioupol, principal port de la région sud-est de l’Ukraine, où plus d’un demi-million d’habitants sont réduits en esclavage par les forces russes.

Depuis le début de l’offensive russe le 24 février, des explosions massives ont dévasté la ville. En raison des rives de l’océan peu profond, qui pourraient être gelées en hiver, une question vitale est à l’ordre du jour. Mariupol est située sur le chemin des troupes russes qui viennent de la Crimée annexée par Moscou à l’ouest et des forces de la région séparatiste pro-russe de Donetsk à l’est.

Si la Russie réussit à s’emparer de Marioupol et du territoire environnant, elle régnera sur la mer ouverte de la mer Noire, qui sera transformée en mer intérieure.

« En réalité, la Russie contrôle déjà cette mer, puisqu’elle contrôle l’unique point d’entrée dans la mer : le détroit de Kertch », souligne Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe, spécialiste de la marine russe.

Selon sa théorie, la « continuité territoriale » signifie que les Russes voudraient créer une « intersection » entre la Crimée et les territoires des séparatistes de l’est de l’Ukraine (dont Vladimir Poutine a récemment reconnu l’indépendance) est en place depuis 2014, année de l’annexion de la Crimée à la péninsule de Crimée par Moscou.

La Russie s’est ensuite empressée de construire un pont sur le détroit de Kertch dès mai 2018, reliant ainsi la péninsule de Crimée au territoire russe, et créant ainsi une ceinture pour la mer d’Azov.

Les tensions se sont accrues. Au dernier trimestre de l’année, la marine russe a tiré sur trois navires militaires ukrainiens qui tentaient de rejoindre Marioupol via le détroit de Kertch, et a capturé les navires. L’OTAN insiste, sans succès, pour que la Russie assure le « libre accès » aux ports ukrainiens de la mer d’Azov.

Or les exigences de l’OTAN sur cette zone que la Russie considère comme sienne et la présence de navires de l’Alliance en mer Noire irritent Moscou jusqu’à l’épuisement.

Cependant, même si la Russie a déjà le contrôle de cet océan, pourquoi aurait-elle besoin d’avoir le contrôle de la bande de terre ukrainienne qui le longe ?

« Ce sont des symboles. Tout ce qui se passe est symbolique. Il y a de moins en moins de raisons. L’objectif est de démontrer que la Russie est une puissance puissante. L’Ukraine est le seul pays qui peut le prouver », déclare Alexei Malachenko, directeur de recherche de l’Institut pour le dialogue des civilisations.

Si la Russie parvient à prendre le contrôle de la mer d’Azov, « elle n’aura de comptes à rendre à personne et elle pourra y placer n’importe quoi, par exemple des sous-marins nucléaires », ajoute-t-il.

Dans un avenir proche, c’est l’économie mondiale et locale qui souffrira de la situation actuelle dans la mer d’Azov.

En 2017, qui était la donnée la plus récente disponible juste trois ans après l’annexion de la Crimée le port de Taganrog a révélé que plus de 25% de ses exportations étaient vers l’Ukraine ainsi que la majorité des importations étaient en provenance d’Ukraine.

Selon une déclaration faite lundi par les autorités navales russes, plus de quarante navires attendent de pouvoir entrer dans la mer d’Azov.

Dans tous les ports russes de la mer, plus de 170 navires sont bloqués, y compris ceux transportant des cargaisons de céréales. Cela a un impact sur les prix mondiaux du blé, puisque l’Ukraine ainsi que le sud-ouest de la Russie sont deux des principaux producteurs.

« La navigation est temporairement suspendue jusqu’à nouvel ordre » Les autorités navales russes déclarent qu’elles vont continuer à suspendre la navigation, notant « la mise en œuvre de mesures de lutte contre le terrorisme dans la mer d’Azov ».

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