Le capitaine de Wakashio et l’officier en chef plaident coupables d’échouement

Par Vel Moonien à Maurice

L’heure des comptes est venue avec le naufrage du Wakashio. Dix-sept mois après que le MV Wakashio s’est échoué sur les récifs de la Pointe d’Esny, un village du sud-est de l’île Maurice, dans l’océan Indien, le capitaine Sunil Kumar Nandeshwar, 58 ans, et son second, Hitihamillage Subodha Janendra Tilakaratna, 45 ans, ont finalement plaidé coupable mercredi dernier d’avoir mis en danger la sécurité de la navigation en vertu de la loi sur la marine marchande.

La peine, qui est passible d’un maximum de 60 ans d’emprisonnement, sera prononcée ce lundi 27 décembre prochain par le Tribunal de Grande Instance.

Le plaidoyer de culpabilité est une surprise étant donné que le capitaine a nié tout acte répréhensible. Il a plutôt blâmé son second, un ressortissant sri-lankais, affirmant que ce dernier contrôlait le minéralier. Depuis son arrestation, le premier lieutenant Hitihamillage Subodha Janendra Tilakaratna a également nié toute responsabilité dans l’accident. Il y a deux mois, le capitaine s’était plaint de la perte de ses notes personnelles après une évasion bâclée de ses codétenus à la prison du Petit-Verger, à Pointe-aux-Sables, où il avait été transféré après une épidémie de Covid-19.

Le MV Wakashio, battant pavillon panaméen, a quitté le port chinois de Lianyungang, dans le Jiangsu, samedi 4 juillet 2020 et se dirigeait vers Tubarão, à Santa Catarina, dans le sud du Brésil, lorsqu’il a dévié de sa route en naviguant près des côtes mauriciennes sur la nuit du samedi 25 juillet 2020. Le capitaine comptait se doter d’un accueil téléphonique pour que son équipage puisse utiliser WhatsApp pour communiquer avec ses proches, dont la majorité a passé plus d’un an en mer à cause de la pandémie.

L’alcool coulait à flot à bord cette nuit-là, alors qu’une fête était organisée pour l’anniversaire d’un ingénieur. Malheureusement, le mastodonte de 203 130 tonnes qui était censé se trouver à 12 milles nautiques des côtes s’est retrouvé sur les récifs à 900 mètres de la Pointe d’Esny, soulignant le manque de contrôle et de réactivité des garde-côtes mauriciens. Ce point est actuellement soulevé devant la Cour d’instruction mise en place pour mettre en lumière les circonstances entourant l’accident et la préparation en cas de marée noire.

Malgré l’assurance donnée par les experts grecs du sauvetage dépêchés sur l’île, l’un des trois réservoirs du MV Wakashio a fui jeudi 6 août 2020 en raison de l’effet de la forte houle sur la coque. 1 000 tonnes de pétrole lourd déversées dans le lagon. La coque menaçant de se briser en deux, ce fut une course contre la montre pour pomper les 1 959 tonnes de carburant restantes. Le vraquier de 300 mètres de long et 50 mètres de large s’est finalement séparé neuf jours plus tard.

Malgré le fait que le ministre français des Outre-mer, Sébastien Lecornu, n’était pas favorable au sabordage de l’étrave de 225 mètres du minéralier, car il y avait un risque élevé de pollution des eaux françaises – l’île de la Réunion française voisine étant à 45 minutes de vol – , Maurice a poursuivi le plan. La proue a été remorquée à 20 milles nautiques du Vieux-Grand-Port avant d’être coulée par 3 180 mètres d’eau dans l’après-midi du mercredi 19 août 2020.

La veille, le capitaine et son second avaient été arrêtés et placés en détention provisoire. Sur la base du témoignage de l’équipage, la société japonaise Nagashiki Shipping, propriétaire du MV Wakashio, a indiqué que le non-respect des procédures de sécurité était à l’origine de l’accident. La compagnie s’est engagée à mieux former ses équipages et à interdire l’utilisation des téléphones portables privés pendant les heures de travail sur ses navires.

Indirectement, l’accident a également entraîné la mort de quatre marins dans la nuit du 31 août 2020. Ils se trouvaient à bord du Sir Gaëtan, un remorqueur de la Mauritius Ports Authority (MPA), l’organisme de régulation en charge de la gestion du port. le port de Louis. L’équipage a été invité à ramener une barge – qui devait être utilisée pour nettoyer la zone touchée par la marée noire – à Port Louis. Ils se sont retrouvés jetés dans une mer agitée lorsque le remorqueur a coulé après avoir été heurté par la barge.

Le Sir Gaëtan a coulé par 300 mètres d’eau. Les corps de trois membres d’équipage ont été retrouvés, mais le corps du capitaine Moswadeck Bheenick n’a jamais été retrouvé. Après des mois sur l’île, 16 membres d’équipage philippins du MV Wakashio ont été rapatriés en juin et août derniers. Seuls le premier officier Robert Geonzon Secuya et l’ingénieur en chef Pritam Singh sont restés pour le procès. N’ayant plus à témoigner, ils seront rapatriés aux Philippines ce jeudi 23 décembre.

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